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Thierry Pernot
14/12/2020
Qu'est-ce que le développement durable ?
Définition et principe du développement durable, les trois piliers.
N° article : 79
  1. Arc-en-ciel sur la vallée de la Bienne, Jura, développement durable

    Le développement durable

    (Sustainable development en anglais)


    Que renferme la notion de développement durable ?

    Pour commencer, donnons une des premières définitions diffusées du développement durable, celle qui apparait dans le rapport « Notre avenir à tous » (« Our Common Future » en anglais). 

    Ce rapport mieux connu sous le nom de « Rapport Brundtland », du nom de Mme Gro Harlem Brundland, alors Premier ministre de la Norvège en 1987, et présidente de la Commission mondiale sur l’environnement et le développement (Organisation des Nations unies) à l’origine de ce rapport :


    « Le développement durable est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. »


    De cette définition, à la fois courte et précise, il ressort deux concepts :

    - Celui de besoins où il faut comprendre en particulier la notion de « besoins essentiels des plus démunis », besoin qui est prioritaire.

    - Celui de limitation qui rappelle que dans l’état de notre technologie, la planète ne dispose pas de ressources infinies.


    Ces deux concepts se trouvent être en concurrence. La solution qui émerge de cette confrontation apparait sous la forme d’un équilibre à trouver entre nos besoins légitimes d’une part et la capacité de la planète à les satisfaire.


    De cette définition émerge trois dimensions :

    - une dimension économique

    - une dimension sociale

    - une dimension écologique


    Chacune de ces trois dimensions constitue l’un de ce que l’on appelle les trois piliers du développement durable.


    À l’intersection de la dimension sociale et de la dimension économique, on trouve la notion « d’équitabilité ».

    À l’intersection de la dimension sociale et de la dimension écologique, on trouve la notion de « vivabilité ».

    À l’intersection de la dimension écologique et de la dimension économique, on trouve la notion de « viabilité ».

    À l’intersection des trois dimensions émerge la notion de « durabilité ».


    Il est possible de visualiser et de synthétiser ces différentes imbrications à l’aide du schéma ci-dessous :


    Les trois piliers du développement durable


    Le pilier social peut se résumer ainsi : éradiquer la pauvreté sous toutes ses formes sur l’ensemble de la planète.

    Le pilier écologique peut se résumer par la périphrase : protéger la planète.

    Le pilier économique se résume par : garantir la prospérité à tous.


    Comment offrir à l’humanité tous les besoins dont elle aspire, tout en restant dans les limitations imposées par les capacités de la planète ? C’est tout l’objet du développement durable.


    Ces différentes interactions peuvent s’aborder suivant deux approches :

    - une approche temporelle : pour les générations futures, nous nous devons d’assurer la pérennité des ressources naturelles

    - une approche spatiale : les ressources sont réparties de manière inéquitable et pourtant, chaque humain est en droit d’avoir accès à ces ressources.


    À ces trois piliers et à leurs interactions, il faut associer un autre concept, celui de « gouvernance ». En effet, qui dit développement durable, dit gouvernance en vue d’atteindre cet « état de développement durable ». Les sociétés qui composent l’humanité sont en perpétuelle évolution, le développement durable peut alors être défini comme un état de climax, c’est-à-dire un état d’équilibre, qui une fois atteint, verra les différents paramètres écologiques, sociologiques et économiques en phases et ce de manière pérenne.


    Chaque société est composée de différents groupes d’acteurs (les citoyens, les associations, les élus, les entreprises, l’administration, les diplomates, etc.) qui suivent chacun leur propre stratégie. Pour que l’ensemble des décisions convergent et aboutissent à un mode de développement durable, il faut impérativement que chacun de ces groupes d’acteurs ait son mot à dire. Une des formes de gouvernance possible pour atteindre ce but s’avère être la « démocratie participative ». Nous reparlerons de ce sujet dans un autre article.


    Pour atteindre cet état de développement durable, trois grands axes sont à considérer :

    - La sobriété : utiliser le moins de ressources possible en consommant moins et en réalisant des économies à tous niveaux.

    - L’efficacité : améliorer le rendement des différentes technologies

    - Utiliser des ressources renouvelables : par définition, les ressources renouvelables sont pérennes.


    Il s’ensuit qu’un changement de paradigme semble nécessaire.


    Depuis le développement de la révolution industrielle, l’économie est considérée comme le pilier essentiel et « voit » la planète comme une « mine » dans laquelle elle peut prélever se dont elle a besoin. Pour concilier les différents impératifs du développement durable, il faut retourner la situation. L’écologie doit devenir le pilier principal et celui-ci peut ou non allouer des ressources à l’économie en fonction de ces possibilités et du respect des grands cycles écologiques.


    Dans les années 2000, le WWF (World Wide Fund for Nature ou Fonds mondial pour la nature) a mis en lumière la notion d’empreinte écologique. Chaque activité provoque un impact écologique plus ou moins grand. Le WWF a montré que l’impact écologique de l’humanité dépassait largement la capacité biologique de la terre à renouveler ses ressources. Pour l’année 2020, « le jour du dépassement » a été calculé, par l’ONG Global Footprint Network, au 22 août. Cela signifie qu’à cette date, l’humanité avait déjà consommé l’ensemble des ressources que la terre peut régénérer en un an. Les quatre mois restants se font donc à crédit.


    Pour simuler votre empreinte écologique, vous pouvez utiliser le module du WWF : 

    https://www.wwf.ch/fr/vie-durable/calculateur-d-empreinte-ecologique


    L’Organisation des Nations unies (ONU) a défini dix-sept objectifs nommés : objectifs de développement durable (ODD).

    Les 17 objectifs du développement durable sont les suivants :


    1. Éradication de la pauvreté

    2. Lutte contre la faim

    3. Accès à la santé

    4. Accès à une éducation de qualité

    5. Égalité entre les sexes

    6. Accès à l’eau salubre et à l’assainissement

    7. Recours aux énergies renouvelables

    8. Accès à des emplois décents

    9. Bâtir une infrastructure résiliente, promouvoir une industrialisation durable qui profite à tous et encourager l’innovation

    10. Réduction des inégalités

    11. Villes et communautés durables

    12. Consommation et production responsables

    13. Lutte contre le changement climatique

    14. Vie aquatique

    15. Vie terrestre

    16. Justice et paix

    17. Partenariats pour la réalisation des objectifs


    L’ampleur de cette tâche et la globalité du problème imposent une supervision internationale, mais le rôle essentiel reste et restera au citoyen qui par son action personnelle peut seul faire infléchir le cours des choses. L’action politique doit définir un cadre et servir de guide pour permettre aux citoyens d’atteindre ces objectifs.


    Le niveau de développement des pays est mesuré en termes de produit intérieur brut (PIB). Cet indicateur économique qui permet de quantifier la production de richesse et dont la variation conduit à la notion de croissance économique devient totalement obsolète dans le cadre d’un développement économique durable. 


    Il est temps de dissocier croissance économique et croissance des flux de matières et d’énergie. 


    D’autres voies sont possibles, pour y arriver la première chose à faire est de réorienter le flux d’énergie intellectuelle. Trop de personnes, trop d’ingénieurs réfléchissent à des sujets secondaires et dépensent leur énergie intellectuelle inutilement ou presque.

    Par exemple, remplaçons les produits par des services, cela diminuera fortement le besoin de matière et d’énergie, tout en préservant l’activité.

    Le rapport Brundtland, cité ci-dessus, rappelle une citation célèbre dont l’auteur n’est pas connu :


    « Nous n’héritons pas de la Terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants ».


    Cette belle citation résume bien la complexité de mettre en œuvre le concept de développement durable.

    En route pour une nouvelle civilisation.



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