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Thierry Pernot
09/02/2021
Réflexions sur les véhicules électriques
Les véhicules électriques sont-ils bons pour l’environnement et la société ?
N° article : 109
  1. Voiture électrique en charge<br>zoé

    Les véhicules électriques sont-ils bons pour l’environnement et la société ?


    Avec les aides gouvernementales actuelles et les remises concessionnaires sur l’achat des véhicules électriques, la question qui se pose aux particuliers pour l’achat d’un véhicule neuf électrique ou pas n’est plus une question budgétaire, mais une question idéologique. 

    Je détaille ce point dans l’article associé, intitulé : faut-il acheter une voiture électrique ?

    Voir colonne de droite.


    On constate qu’un véhicule électrique nécessite le même budget total qu’un véhicule thermique, la différence étant que le véhicule électrique génère des contraintes d’utilisation à cause de sa plus faible autonomie. La question qui se pose alors au particulier n’est plus - est-ce rentable de rouler en électrique ? - mais est-ce que j’accepte des contraintes d’organisation sur mes déplacements pour ne plus polluer ?

    Mais revenons à notre sujet.


    Les trois problèmes environnementaux liés au transport

    Avant de parler des véhicules électriques, je rappellerais, dans l’ordre d’importance, les trois difficultés environnementales liées au transport auxquelles la société est actuellement confrontée :

    - Le réchauffement climatique

    - La pollution atmosphérique par les particules fines et les oxydes d’azote 

    - Le problème des nuisances sonores en ville


    Ces trois problèmes ont un impact sur les vies, le réchauffement climatique a en plus un impact sur les infrastructures.


    Les problèmes de la pollution atmosphérique et des nuisances sonores sont des problèmes à échéances immédiates. Jusqu’à peu, on considérait que le problème du réchauffement climatique était un problème à moyen terme, mais vu la vitesse à laquelle le climat change, on peut considérer que c’est également un problème à échéance immédiate. 


    Le problème des nuisances sonores en ville n’est pas à négliger, en perturbant le sommeil de millions de personnes, il a un impact considérable sur les décès prématurés, la surconsommation de médicaments et finalement sur la productivité.


    Un véhicule électrique est un véhicule zéro émission, c’est-à-dire qu’il n’émet aucun gaz ni particule lors de son fonctionnement. Bien sûr, il faut recharger les batteries et donc utiliser de l’électricité qui a été produite ailleurs. Suivant la manière dont a été produite cette électricité, sa production aura généré plus ou moins de gaz à effet de serres et plus ou moins de particules.


    Dans certains cas, on pourrait penser que l’utilisation d’un véhicule électrique ne fait que déplacer le problème. Pour répondre à cette question, il faut l’analyser plus en détail.


    Les différents scénarii de production de l’électricité


    Cas de l’électricité fortement carbonée

    Premier cas, considérons que l’électricité est produite par des centrales thermiques à énergies fossiles (charbon, fioul, gaz). Ces centrales vont rejeter des quantités importantes de CO2 et de particules dans l’air, le bilan ne sera donc pas terrible. Mais il est tout de même positif par rapport à l’utilisation de véhicules thermiques :


    - L’utilisation de véhicules électriques résout en partie le problème de la pollution atmosphérique, car les émissions des centrales ne se produisent pas au cœur des villes et les particules sont en partie filtrées. La pollution atmosphérique causée par les particules fines tue près de 50 000 personnes par an en France, dont 8 000 à cause de celles produites par la circulation automobile.


    - De plus, il est totalement aberrant de devoir monter sur chacun des millions de véhicules thermiques des systèmes dépolluants d’un coût très important. Ces sommes considérables pourraient être bien utiles ailleurs. Il est beaucoup plus logique de concentrer la production d’énergie dans des centrales et ainsi de pouvoir filtrer leurs émissions avec des systèmes localisés sur les quelques dizaines de centrales du pays. Il faut également ajouter qu’il a déjà été démontré plusieurs fois que les pots catalytiques ne sont efficaces que théoriquement, c’est-à-dire sur un véhicule neuf, parfaitement réglé et dans des conditions d’utilisation bien définies. En conditions réelles d’utilisation, les émissions en gaz et particules sont très supérieures aux chiffres annoncés par les constructeurs, rappelez-vous l’affaire du dieselgate.


    - Les véhicules électriques résolvent également en grande partie le problème du bruit en ville.


    Cas de l’électricité décarbonée produite par l’industrie nucléaire (cas de la France)

    Dans ce cas de figure, l’électricité utilisée par les véhicules électriques n’a pas généré de gaz à effet de serre ni de particules lors de sa production. On gagne donc sur tous les tableaux. Les trois problèmes auxquels nous sommes confrontés sont résolus.


    Mais il ne faut pas oublier les problèmes inhérents à l’industrie nucléaire, à savoir le problème majeur des déchets radioactifs et les dangers incalculables d’une catastrophe nucléaire. Comme on sait que le risque zéro n’existe pas et qu’une catastrophe nucléaire rendrait le territoire concerné invivable pendant des centaines d’années, l’énergie nucléaire telle qu’elle est utilisée actuellement n’est pas une solution à long terme et il faut planifier dès maintenant une sortie progressive.


    La pression appliquée sur les économies par le réchauffement climatique est telle que l’on ne peut pas arrêter immédiatement le nucléaire comme l’a fait courageusement l’Allemagne. En effet, un remplacement immédiat des centrales nucléaires par des centrales thermiques est catastrophique en ce qui concerne la lutte contre le réchauffement climatique. Il faut investir massivement dans le renouvelable et déconnecter les centrales nucléaires progressivement à mesure que ces nouvelles énergies prennent le relais.


    Cas de l’électricité décarbonée produite par des énergies renouvelables

    C’est le cas de figure idéal, les trois problèmes sont résolus, et cela sans que nous ayons une épée de Damoclès au-dessus de nos têtes. De plus, le développement des énergies renouvelables nécessite une main-d’œuvre importante et non délocalisable.


    Il faut donc tendre vers ce scénario idéal, mais sans oublier les nouveaux problèmes que pose l’utilisation en masse des véhicules électriques : la production et le recyclage des batteries.

    Les batteries nécessitent des quantités importantes de lithium, de cobalt, de nickel et de manganèse, chacun sait que leurs extractions posent des problèmes écologiques importants. Il faut donc poursuivre la recherche pour améliorer les batteries et tenter de minimiser l’impact environnemental de l’extraction de ces métaux. 


    Face à la pénurie des ressources qui s’annonce pour ces métaux, le recyclage des batteries sera incontournable. De nombreuses sociétés présentent déjà des procédés intéressants qui permettent de recycler 95% des métaux, comme la société canadienne Li-Cycle qui a gagné le « Big Innovation Award » en 2021 pour son nouveau procédé de recyclage. https://li-cycle.com/ A suivre.


    Ne pas oublier que le pétrole pose également de graves problèmes écologiques pour son extraction, en particulier le pétrole issu du craquage hydraulique ou celui issu des sables bitumineux.


    Il faut également continuer les recherches sur les véhicules à hydrogène qui pourraient être une alternative au tout électrique.


    Comparaison de l’empreinte carbone : véhicules thermiques vs véhicules électriques


    Pour pouvoir définir, si l’utilisation d’un véhicule électrique est avantageuse par rapport à l’utilisation d’un véhicule thermique, en ce qui concerne le problème du réchauffement climatique, il faut calculer l’empreinte carbone totale des deux types de véhicules. C’est-à-dire ne pas prendre en compte que l’utilisation, mais également la production du véhicule et donc de ses batteries pour le véhicule électrique, et également le recyclage en fin de vie.


    Ce calcul est très complexe et je n’ai pas la capacité de le réaliser ni même de le vérifier. Mais si je me réfère aux différentes études réalisées, dont une commanditée par l’ADEME, leurs résultats montrent qu’en fin de compte, l’empreinte carbone totale d’un véhicule électrique est trois fois inférieure à celle d’un véhicule thermique.


    À cause de sa batterie, la production d’un véhicule électrique génère davantage de gaz à effet de serre, mais sur l’ensemble de la durée de vie du véhicule, la voiture électrique l’emporte très largement, et cela même si l’électricité est produite à partir d'énergies fossiles. 


    Vous pouvez consulter ce site en anglais :

    www.transportenvironment.org


    Conclusion

    Malgré les efforts incessants des pétroliers, pour dénigrer la voiture électrique et pour minimiser les dégâts du diesel, comme ils le font depuis 30 ans, la conversion à l’électrique est en cours. Près de 70 000 immatriculations en France en 2019 et près de 111 000 en 2020. Le parc de véhicules électriques roulant en France à fin 2020 étant de 338 000 environ.


    Tout n’est pas rose et la meilleure stratégie demeure avant tout d’économiser les ressources, de limiter le gaspillage et de recourir massivement au télétravail, mais force est de constater que les véhicules électriques ont des cartes en main :


    - Réduction de la pollution atmosphérique en ville qui évite des décès prématurés et génère des gains sur l’économie de la santé très importants.

    - Réduction du bruit en ville, qui génère également des gains sur l’économie de la santé, mais aussi améliore la productivité des salariés.

    - Lutte contre le réchauffement climatique et d'autant plus si l’électricité est produite de manière décarbonée.

    - Amélioration de la balance commerciale en diminuant les importations de pétrole.

    - Amélioration de la sécurité énergétique, en diminuant notre dépendance au pétrole, avec néanmoins de nouvelles tensions à prendre en compte sur certains métaux et terres rares.

    - Limitation du nombre d'accidents sur les routes, la conduite d'un véhicule électrique imposant un comportement zen pour préserver l'autonomie de la batterie.


    Pour approfondir la manière dont est calculée l’empreinte écologique, vous pouvez lire l’article suivant sur le site notre-planete-info :

    Voiture électrique contre voiture essence ou diesel, quelle est la plus polluante ?

    notre-planete-info




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