La corée marginée (Insectes / Hémiptères / Hétéroptères /Coréidés / Coreus marginatus)

Cela faisait plusieurs années que chaque été, je remarquais des trous dans mes feuilles de rhubarbe. Cela commençait par une petite zone brune qui se nécrosait, qui s’agrandissait et qui finissait par former un trou assez gros. En observant régulièrement, je me suis aperçu que le coupable était une punaise brune : la corée marginée (Coreus marginatus). En piquant les vaisseaux de la plante pour pomper la sève, elle injecte en même temps de la salive qui peut être nécrosante et provoquer la destruction des tissus. La salive peut également véhiculer des virus et autres mycoplasmes.

Cette punaise est également nommée punaise brune ou punaise de la courge.

Classification

La corée marginée est un insecte appartenant à l’ordre des hémiptères. Les insectes de cet ordre se caractérisent par la présence de pièces buccales de type piqueur-suceur qui leur permettent d’aspirer la sève des plantes ou le sang des animaux.

Les antennes peuvent être plus ou moins longues, mais ne comportent que peu d’articles, le plus souvent 4 ou 5. Les hémiptères possèdent généralement 2 paires d’ailes avec les antérieures plus ou moins coriaces, mais sans atteindre la rigidité des élytres des coléoptères. De plus les ailes antérieures des hémiptères se chevauchent ce qui n’est pas le cas des élytres des coléoptères. Quant aux blattes qui peuvent ressembler à certains hémiptères, elles ne possèdent pas de rostre et leurs antennes sont fines et à nombreux segments.

L’ordre des hémiptères se divise en deux sous-ordres, les homoptères et les hétéroptères, la corée marginée appartient à ce dernier. Contrairement aux homoptères, les ailes antérieures des hétéroptères présentent deux parties différentes, on les nomme hémélytres. La partie supérieure de l’aile est plus ou moins coriace, alors que la pointe de l’aile est membraneuse, cela se voit bien sur les photographies. 

De plus, le corps des hétéroptères est aplati. Chez les homoptères, les ailes formant « un toit » au repos donnent au corps une épaisseur plus importante.

La corée marginée appartient à la famille des Coréidés, une famille proche des Pentatomidés, mais ces derniers ont toujours des antennes à 5 segments. 

Ce sont des insectes en forme d’écusson, les Coréidés sont plus allongés que les Pentatomidés, mais surtout ils possèdent un abdomen dilaté en largeur, qui dépasse largement des ailes. Cette dilatation est bien visible sur les photographies, mais il faut regarder attentivement, car la couleur de l’abdomen est exactement la même que celle des ailes, la limite entre les deux est donc peu visible. Le nom d’espèce « marginatus » provient de là.

Lorsque la corée marginée ne s’alimente pas, son rostre est replié sous le corps. 

Sur les photographies 2 et 3, vous pouvez voir le rostre déplié, planté dans une nervure de la feuille de rhubarbe, la corée est en train de lui sucer la sève.

Description

La corée marginée est une punaise de taille assez importante, jusqu’à 15 mm sans les antennes.

La corée marginée se reconnait à sa couleur brun clair homogène, seule la partie terminale des ailes antérieures, la partie membraneuse, reflète la lumière différemment, produisant, suivant l’inclinaison, un losange plus foncé caractéristique. Voir la troisième photographie.

Les antennes présentent 4 segments, les premiers et derniers sont bruns et épaissis, les deux intermédiaires sont plus fins et orange.

Vous noterez la présence de deux épines très courtes situées entre les antennes. Voir la cinquième photographie. 

Sur cette photographie en gros plan vous pouvez voir les deux yeux latéraux brun clair assez proéminents, et entre les deux yeux, vous pouvez distinguer deux petits points rouges, ce sont des ocelles.

Un ocelle est un œil simple, c’est-à-dire beaucoup moins complexe dans son architecture, que les yeux à facettes. Les ocelles perçoivent la lumière et ont un rôle dans l’appréciation des changements d’intensité lumineuse. Ils aident à l'orientation et aux mouvements de l’insecte.

Lorsque l’on regarde de très près, on constate que l’ensemble du corps, y compris les pattes et les antennes, est constellé de microprotubérances qui diffractent la lumière.

Répartition

La corée marginée est présente en Europe et jusqu’en Asie Mineure. C’est une espèce très commune en France.

Période d’observation

Les photographies de cet article ont été prises entre mai et juillet de 2016 à 2020 sur une feuille de rhubarbe pour les adultes et sur un pied d’oseille sauvage (Rumex) pour les larves à Larrivoire (Jura) à 720 mètres d’altitude.

Habitat et alimentation

La corée marginée affectionne les plantes de la famille des Polygonacées, comme la rhubarbe (Rheum), les oseilles (Rumex), mais aussi les cucurbitacées dont elle pompe la sève. Je l’ai d’ailleurs aussi observée sur les feuilles de courges, même si je n’ai pas constaté de dégâts comme sur la rhubarbe. Les maraichers connaissent bien cette espèce, car elle s’attaque aussi aux fruits des framboisiers et des groseilliers et aussi aux mûres.

Reproduction

Les adultes s’accouplent tête-bêche en mettant en contact la partie postérieure de leur abdomen. La femelle pondra ensuite quelques dizaines d’œufs sur les plantes. Les œufs donneront des larves très différentes des adultes, voir photographies 6 et 7. La croissance s’effectue par étapes, il ne faut pas moins de 5 mues pour atteindre le stade adulte. Les photographies 6 et 7 doivent correspondre au premier ou au deuxième stade, attention la photographie 6 est fortement agrandie, la larve ne mesure que 5 mm environ.

Etymologie

koris, koréos signifie punaise en grec.