Le pic épeiche (Oiseaux / Piciformes / Picidés / Dendrocopos major)

Le pic épeiche appartient à la famille des Picidés. C’est dans cette famille que l’on rencontre le fameux Woody Woodpecker qui nous a beaucoup fait rire au cours de notre enfance. Compère créé par Walter Lantz de 1940 à 1972, ce pic haut en couleur était doté d’un rire communicant qui est resté gravé dans notre mémoire.

Rire de Woody Woopecker

Ce personnage de bande dessinée a été créé à partir d’une espèce nord-américaine, le grand pic (Dryocopus pileatus).

Les pics sont des oiseaux totalement tributaires du milieu forestier, ils ont besoin des arbres pour rechercher leur nourriture et creuser leur loge dans laquelle ils nicheront. 

Cette famille d’oiseaux, les picidés, présentent des adaptations spectaculaires :

Leurs pattes possèdent quatre puissants doigts, dont deux tournés vers l’avant et deux vers l’arrière, ils sont munis de griffes robustes. Cette position des doigts leur permet de monter et descendre avec facilité le long des troncs.

À cela, il faut ajouter le fait que les plumes de sa queue (les rectrices) sont très rigides et lui permettent de s’appuyer contre le tronc lorsqu’il grimpe ou descend. Vous pouvez observer ses doigts sur la première photographie.

Les pics sont également connus pour leur tambourinage, l’action de frapper à grande vitesse les troncs d’arbre avec leur bec. Certains pics, dont le pic épeiche, se nourrissent en partie de larves d’insectes qu’ils extraient des troncs d’arbre.

J’ai toujours eu du mal à comprendre comment ce mode d’alimentation pouvait être rentable. Il faut en effet une énergie importante pour percer le bois et trouver les larves. 

J’ai trouvé plusieurs réponses à cette interrogation :

- Les pics recherchent essentiellement les larves sous l’écorce d’arbre plus ou moins pourri où le bois est plus tendre et plus facile à percer.

- Lorsqu’on les entend tambouriner sur des arbres sains dont le tronc est très dur, c’est en fait pour se signaler, pour parader lorsqu’ils recherchent une femelle, pas pour se nourrir.

- Les pics ne se nourrissent pas uniquement de cette manière, ils mangent également les insectes qu’ils trouvent en surface des troncs et également des graines ou des fruits.

- Ils peuvent également récupérer la sève sucrée des arbres qui suinte à la suite de leurs perforations.

Lorsqu’ils tambourinent, les pics frappent le tronc jusqu’à 20 fois par seconde !

Ses chocs violents devraient endommager leur cerveau, pour cela ils disposent d’adaptations remarquables :

- La forme et la position du bec et du crâne facilitent la dispersion de l’énergie, une structure en os spongieux et cartilage entre le bec et le crâne amortit la violence des chocs.

- Il y a très peu d’espace entre le cerveau et le crâne empêchant tout phénomène de ballotement.

- Ils disposent de muscles qui en se contractant au moment de l’impact rigidifient le cou et la tête.

- La langue qui est très longue et qui entoure complètement le cerveau, lorsqu’elle est repliée, joue un rôle d’amortisseur très efficace.

Références : Woodpeckers and Head Injury, May, Fuster, Newman et Hirschman, The Lancet, 28 February 1976

Woodpecker Drilling Behavior — an endorsement of the Rotational Theory of Impact Brain Injury, Ph. R.A. May, J.M. Fuster, J. Haber, A. Hirschman., Arch. Neurol. juin 1979

Vous pouvez voir un schéma montrant la position de langue des pics ici :

Position langue des pics

La famille des Picidés comporte une trentaine de genres pour 234 espèces. 

En France, vous pouvez rencontrer les espèces suivantes : le pic épeiche, le pic mar, le pic épeichette, le pic à dos blanc, le pic noir, le pic tridactyle, le pic cendré, le pic vert et le torcol fourmilier.

Description

Le pic épeiche est un pic de taille moyenne (23 cm environ) pour une envergure pouvant atteindre les 40 cm et un poids de 80 à 100 grammes. Il est plus gros que le pic épeichette, le pic tridactyle et le pic mar, mais plus petit que les autres pics.

C’est un très bel oiseau de couleur blanc et noir avec le bas ventre rouge vif (rouge plus pâle chez les juvéniles).

Le mâle et la femelle présentent une robe très proche, seule la présence de rouge sur la nuque permet de distinguer le mâle (Voir dernière photographie).

La calotte de la tête est noire sauf chez les juvéniles où elle est rouge un certain temps. Le front et la joue sont blancs. Une moustache noire part du bec et rejoint une autre bande noire reliant la nuque à la poitrine, le tout formant un Y.

La nuque est rouge chez le mâle, noire et blanche chez la femelle.

Les yeux sont rouge sombre.

Le bec est assez long, robuste, pointu et gris foncé à noir.

Le dos est noir, le ventre blanc et les ailes montrent une alternance de rayures noires et blanches, particulièrement visibles en vol.

Les pattes sont grises avec de puissantes griffes noires.

Confusion possible

Pas de confusion possible pour les adultes. Les jeunes qui possèdent une calotte rouge peuvent être confondus avec le pic mar. Il faut alors vérifier la poitrine qui chez le pic mar présente quelques stries noires et la moustache qui ne va pas jusqu’au bec pour le pic mar.

Alimentation

Le pic épeiche se nourrit de larves xylophages qu’il extrait du bois à l’aide de son bec et de sa langue visqueuse et rétractile. Celle-ci dépasse les 10 cm !

Mais il mange également tout de sorte d’insectes à la surface des troncs. L’hiver, il va se reporter en partie sur les faînes, les noix, les noisettes et également les graines de conifères qu’il dépiaute complètement. Pour les noix et les noisettes, le pic épeiche utilise la technique de l’enclume, qui consiste à coincer le fruit dans une cavité pour pouvoir le frapper sans qu’il bouge.

Habitat

Le pic épeiche est un oiseau forestier, il apprécie particulièrement les forêts de chênes, de charmes et de hêtres, mais aussi dans les forêts mixtes et les parcs.

Répartition

Le pic épeiche est présent dans toute l’Europe et l’Asie, excepté l’Irlande et l’Islande.

Comportement et reproduction

Chaque année, le pic épeiche construit une nouvelle loge pour nicher. 

Une seule nichée de 4 à 7 œufs blancs par an.

Il vient très rarement à la mangeoire, mais c’est un oiseau puissant qui ne craint pas les autres, il chasse facilement les gros becs qui d’ordinaire « sont les maitres » de la mangeoire. Cependant, je n’ai jamais observé de face-à-face avec un geai.

Chant : le pic épeiche émet un « Tic » unique et puissant, qu’il peut répéter plusieurs fois de suite.

Tambourinage court : 0,6 seconde à la cadence de 15 à 20 coups par seconde avec une intensité décroissante. Audible jusqu’à 800 mètres. Il peut tambouriner jusqu’à 600 fois par jour quand il recherche une femelle.

Référence : http://www.attiredailes.be

Longévité maximale connue : 11 ans.

Statut 

À Larrivoire, nous les observons régulièrement chercher les insectes sur les troncs du tilleul et du frêne. Nous les voyons également creuser les troncs des saules marsault affaiblis par les tailles successives.

Cet oiseau est commun en France et n’est pas menacé. Les nouvelles directives consistant à maintenir une partie du bois mort en forêt s’avèrent bénéfiques à toutes les espèces de pics.

Étymologie

« Dendrocopos » vient du grec « dendron » signifiant « arbre » et « kopos » signifiant « coup » : celui qui donne des coups de bec aux arbres.

« major » signifie « plus grand » en latin, pour le différencier du pic mar (Dendrocopos medius) et du pic épeichette (Dendrocopos minor). 

« épeiche » est d’origine francique et signifie « tacheté ».

D’autres informations ici

https://www.oiseaux.net

https://fr.wikipedia.org

https://www.larousse.fr