L’objectif de ce livre peut se résumer par la phrase d’introduction de la préface de Nicolas Hulot : « Comprendre la complexité du climat pour mieux agir ».

Ce livre édité en 2015 se base en partie sur le rapport du GIEC 2013. Ce livre excellent n’est malheureusement plus disponible, j’ai pu le trouver à la médiathèque de Saint-Claude. Espérons qu’une version actualisée, basée sur le rapport GIEC de 2018, sorte bientôt.

L’édition initiale de ce livre est la version française de « Climat et Société – Climats passés, passage de l’homme, climat futur : repères essentiels » éditée en 2010 par le Centre régional de documentation pédagogique de Grenoble et dont R. Briatte et S. Duchaffaut ont été les instigateurs. 

Une version réactualisée en anglais a ensuite été éditée par les éditions Blackwell en 2015, sous le titre : Climate change : Past, Present, Future.

L’ouvrage que je vous présente ici est une adaptation de l’édition anglaise. L’ouvrage est en grand format avec une mise en page sobre, mais claire et agréable.

Cet ouvrage n’entend pas moins que représenter une version synthétique de la question climatique à laquelle est confrontée la société actuelle. Vaste programme ! Et j’ajouterai, objectif tenu !

Introduction

L’introduction précise que la terre présente de nombreux climats et qu’il pourrait sembler incongru de parler d’un « climat moyen ». Cependant, le paramètre principal qui régit l’ensemble de ces climats est la quantité d’énergie reçue à la surface de la Terre, énergie qui est constamment renouvelée. Du coup, l’évolution de l’ensemble des climats sur terre est régie en premier lieu par l’évolution de la température moyenne sur Terre. L’ouvrage va donc être focalisé sur la notion de température.

Première partie : Le climat sur Terre et son moteur, l’énergie

Cette partie va expliquer pour quelle raison il y a autant de climats et une telle biodiversité sur Terre. Les auteures montrent que chaque partie du globe ne reçoit pas la même quantité d’énergie lumineuse et de pluie suivant sa position géographique, mais également au cours de l’année. Le mécanisme à l’origine des saisons est expliqué en détail. Les cartes de végétation et de biodiversité montrent une relation étroite avec les zones climatiques.

Il est ensuite défini la notion de « Température moyenne globale de la surface terrestre ». Il est montré par de nombreux schémas les différents transferts thermiques et la manière dont l’équilibre énergétique se forme. On apprend que la température moyenne à la surface de la Terre est de 15°C et que cette température serait de -19°C s’il n’y avait pas d’atmosphère et donc pas d’effet de serre.

Cette partie se termine par le rôle et l’importance de l’atmosphère et de l’océan dans l’équilibre climatique. Sont abordés entre autres les courants atmosphériques et les différentes cellules qu’ils forment (cellule polaire, de Ferrel et de Hadley) puis les courants océaniques dont le Gulf Stream bien connu.

Partie 2 : Zoom sur le bilan d’énergie de la planète

Cette partie débute par quelques définitions physiques relatives au rayonnement thermique du corps noir. Il est ensuite expliqué les différences avec la théorie en prenant en compte la composition de l’atmosphère. Les auteures nous montrent que l’azote et l’oxygène qui composent 99% de l’atmosphère n’absorbent pas le rayonnement solaire, ils n’ont donc pas de rôle au sujet du transfert radiatif, ils sont « transparents ». 

Les éléments chimiques qui interviennent de manière prépondérante sont : la vapeur d’eau, le dioxyde de carbone, le méthane, l’oxyde nitreux, l’ozone et divers aérosols (poussières, pollens, spores, sels, oxydes de soufre, etc.).

Il est ensuite expliqué en détail le mécanisme de l’effet de serre.

Un graphique résume le bilan énergétique moyen sur Terre à l’équilibre. Le chapitre suivant porte sur les mécanismes de rétroactions (feedback) qui expliquent que l’équilibre thermique est maintenu même si les différents paramètres varient, mais ceci seulement jusqu’à une certaine limite.

Les techniques de modélisation du climat sont rapidement abordées.

Partie 3 : Les différentes causes de l’évolution du climat

Sont traités dans cette partie la variation des émissions du soleil dû au cycle solaire et à d’autres paramètres, l’impact de la position de la terre par rapport au soleil et l’évolution de la composition atmosphérique. Les auteures expliquent ensuite le transfert de chaleur de l’équateur vers les pôles et l’interaction entre l’atmosphère et l’océan.

Partie 4 : les enseignements du passé

Cette partie retrace les différents climats qu’a connus la planète depuis sa formation, jusqu’à l’ère préindustrielle. Il est indiqué les successions de périodes glaciaires et interglaciaires sous le joli titre : la valse des glaciations. La théorie de Milankovitch sert de fil conducteur aux explications.

La calotte antarctique s’est formée il y a 35 millions d’années ; depuis 3 millions d’années, nous assistons à une alternance de périodes glaciaires et interglaciaires, mais les auteurs insistent sur le fait qu’entre ces périodes espacées de plusieurs millénaires, la température moyenne sur la surface de la planète ne varie que de 5°C (en période glaciaire, la température moyenne est inférieure de 5°C à la température des périodes interglaciaires, nous sommes actuellement dans une période interglaciaire). 

À comparer à l’augmentation de +1,1°C que l’on constate sur le dernier siècle ! L’évolution de la température du globe a changé d’échelle depuis la révolution industrielle.

De plus, les études sur les climats passés des 3 derniers millions d’années montrent que les maxima de température moyenne atteinte n’ont jamais dépassé +2°C par rapport à la température moyenne préindustrielle. Lors des alternances de périodes chaudes et froides (environ 50), la flore et la faune ont pu s’adapter ou migrer, car ces alternances se sont produites très lentement. Cela ne sera pas possible avec la vitesse du changement climatique actuel.

Il y a ensuite un chapitre consacré aux 10 000 derniers ans, la période chaude de l’Holocène dans laquelle nous sommes.

Partie 5 : l’évolution récente du climat

Le chapitre commence par une analyse, un constat, de l’augmentation de la température moyenne. Suit l’analyse de l’impact du réchauffement sur la cryosphère qui conduit à la fonte de la calotte antarctique, de la banquise arctique, des glaciers et du pergélisol.

Le chapitre suivant traite de l’impact du réchauffement sur l’océan, élévation, modification de la salinité, acidification.

On continue par l’impact du réchauffement sur la biosphère avec des exemples de migrations déjà constatées. Parmi différents exemples, l’impact sur la vigne et le vin est détaillé.

La question cruciale est alors posée : le réchauffement climatique du XXe siècle est-il d’origine naturelle ou humaine ?

Pour répondre à cette question, les auteures précisent de manière détaillée le cycle du carbone sur terre en opposant les facteurs naturels et humains.

La conclusion de cette partie est sans équivoque, je cite : « Ces simulations numériques confirment que le réchauffement récent est causé principalement par les émissions anthropiques de gaz à effet de serre des quelques décennies passées. Son effet est maintenant détectable sur la température moyenne des continents et des océans, et dans la majorité des régions ».

« D’autres investigations mènent à une conclusion similaire : au cours des dernières décennies, le forçage naturel a été clairement surpassé par le forçage anthropique. Il est alors légitime de conclure que depuis les années 1970-1980, le climat moyen de la planète a subi un réchauffement causé par l’activité humaine. »

Partie 6 : Le climat au XXIe siècle, les différents scénarios

Après une introduction sur deux facteurs clés que sont les émissions de gaz à effet de serre et la croissance démographique, les auteures présentent rapidement les modèles climatiques et la manière de les simuler. Suit une analyse des différents scénarios du GIEC.

Le chapitre suivant montre les conséquences du réchauffement climatique à venir sur le climat.

Puis une question est posée : le réchauffement futur peut-il être contrecarré naturellement ?

La réponse donnée est clairement : non. Les auteures insistent ensuite sur l’importance de ne pas dépasser un réchauffement de plus de 2°C. 

Et on arrive à la fameuse équation « triple zéro » que l’on peut résumer ainsi : si l’évolution des émissions de CO2 des habitants du Nord est nulle et que celle des habitants du Sud est également nulle et que l’accroissement de la population mondiale est nul, la concentration en CO2 atmosphérique augmentera de 2 ppm par an ! 

Ce qui signifie que si l’on arrive à stabiliser ces trois paramètres, cela ne suffira pas. Or ces trois paramètres sont loin d’être maitrisés.

Le dernier chapitre de cette partie replace le réchauffement climatique dans le contexte du monde actuel : dégradations environnementales fortes, raréfaction des ressources énergétiques, croissance de la population mondiale. Avec un constat simple : « La manière actuelle dont l’humanité se développe conduit à une impasse ».

La seule solution est donc d’imaginer un nouveau type de développement, cela ne pourra pas se faire par petites modifications, une révolution s’avère nécessaire.

Conclusion

Si rien n’est fait, nous nous dirigeons vers une augmentation de la température moyenne de +5°C. Température qui n’a jamais existé sur terre depuis la naissance d’Homo sapiens et dont les conséquences sont incalculables.

Les auteures terminent par cette phrase : « La principale inconnue dans l’évolution future du climat et de l’environnement est indéniablement la capacité de l’homme à évoluer ».

Voilà, je vous ai fait un survol à grande vitesse de ce livre très riche. J’espère que votre moral n’en a pas pris un coup, et je vous incite à lire ce livre. Restons optimistes face aux épreuves qui nous attendent, le bousculement de la société historique n’est pas sans dangers, mais l’avènement proche de changements profonds est véritablement excitant.

Comme je vous l’ai dit, ce livre n’est plus disponible, mais vous pouvez le trouver en médiathèques en attendant la nouvelle version à jour, qui j’espère ne tardera pas, mais qui malheureusement ne devrait pas nous apporter de bonnes nouvelles. Mais qui sait ? 

L’engagement et l’imagination de tous sont nécessaires.