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Thierry Pernot
04/02/2021
Les mycorhizes
L’essor de la nouvelle révolution verte
N° article : 107
  1. couverture du livre Les mycorhizes, l'essor de la nouvelle révolution verte
    Les mycorhizes
    l’essor de la nouvelle révolution verte



    Auteurs : J. André Fortin, Christian Plenchette, Yves Piché
    Année de sortie : 2015 
    Editeur : Editions Quae
    Format : 165 x 204 x 10 mm  164 pages
    Prix : 26 €

    L’étude des mycorhizes est en pleine ébullition et les nouvelles contributions à leur connaissance explosent. Les trois auteurs souhaitent rendre accessibles à tous les dernières découvertes.

    Leur objectif est de faire comprendre la biologie des mycorhizes dans ce qu’elle a de plus fascinant, mais aussi de montrer comment en tirer profit au niveau de la culture des plantes, tout en assurant le maintien des équilibres naturels.


    L’ouvrage a un format compact, la mise en page est simple, mais soignée, les photographies sont de très bonne qualité, y compris les vues microscopiques. Les quelques schémas sont également de bonne facture.


    Chapitre 1 : la vie en symbiose

    Bien que les êtres vivants soient en compétition dans la nature, la domination, la prédation et le parasitisme ne sont pas les seules armes des organismes. L’évolution nous montre que les phénomènes de symbiose ont joué un rôle très important. Un encart rappelle les différents types d’interaction entre les organismes selon Whittaker : compétition, amensalisme, antibiose, prédation, parasitisme, neutralisme, commensalisme et enfin celle qui nous intéresse, la symbiose.


    Chapitre 2 : les symbioses végétales et leurs structures

    Les cinq grands types présentés sont : les lichens, les bactériorhizes, les actinorhizes, les phycorhizes et les mycorhizes qui peuvent être séparées en sept types différents. Elles seront davantage développées dans les chapitres suivants.

    On y apprend par exemple que les nodules racinaires fixateurs d’azote des légumineuses se rangent dans les bactériorhize et non dans les mycorhizes puisque les microorganismes infiltrant les racines sont des bactéries du genre rhizobium.


    Il faut bien comprendre que les symbioses qui concernent les mycorhizes ne sont pas des phénomènes accessoires relatifs à quelques espèces particulières, plus de 80% des espèces végétales sont concernées !


    Chapitre 3 : origine des symbioses végétales et leurs rôles dans l’évolution de la vie terrestre

    Ce chapitre montre l’importance de ces symbioses dans la conquête de la terre ferme par les végétaux et en particulier l’importance des lichens. Sans cette alliance entre une algue et un champignon, il aurait été beaucoup plus compliqué de s’affranchir du milieu marin.


    Chapitre 4 : physiologie des mycorhizes

    Ce chapitre va détailler les sept catégories de fonctions modifiées par la présence des mycorhizes : l’absorption des éléments minéraux, l’absorption de l’eau, les activités hormonales, l’agrégation des sols, la protection contre les organismes pathogènes, la résistance aux stress environnementaux et des modifications de la composition biochimique des racines et du sol.


    Un des points importants, mais loin d’être le seul, est que le réseau de mycorhizes est capable de multiplier par cent la surface d’échange avec le sol.

    Les auteurs concluent que c’est souvent à cause d’environnements artificiels dégradés comme les monocultures que les champignons sont considérés comme des organismes à combattre, alors qu’ils sont normalement d’une aide précieuse.


    Chapitre 5 : les mycorhizes dans les écosystèmes

    Les mycorhizes ont longtemps été sous-estimées, en effet les études en laboratoires en environnements contrôlés ne permettaient pas le développement naturel des symbioses mycorhiziennes. 

    Ce chapitre excellent va détailler le fonctionnement des sols en analysant tour à tour un sol d’érablière à caryer, d’érablière à tilleul, d’érablière à bouleau jaune (nous sommes au Canada !), d’érablière à hêtre, de sapinière, de pessière, jusqu’à une tourbière. 

    Les humus passeront du mull au moder pour finir en mor. À chaque fois, les auteurs expliquent la manière dont les différents types de mycorhizes agissent. 

    On y apprend que les champignons mycorhiziens ne sont pas seuls, mais épaulés par tout un cortège bactérien.

    De plus, les mycorhizes forment un véritable réseau internet des plantes, par lesquelles elles échangent des éléments nutritifs, mais également des signaux de communication, passionnant.


    Chapitre 6 : biologie des champignons forestiers comestibles

    La majorité des champignons comestibles forment des mycorhizes avec les arbres et plus étonnant, le moment de la fructification de ces champignons serait relié au cycle de l’arbre !

    Ce chapitre aborde aussi la culture des champignons comestibles et en particulier celle de la truffe.


    Pour les champignons comestibles, les auteurs conseillent le site : www.mycoquebec.org


    Chapitre 7 : la récolte des champignons comestibles

    Ce chapitre surprenant vous parlera rapidement de mycologie scientifique, mycologie d’amateurs, de récolte commerciale, de mycophagie animale, de mycosylviculture et même de mycotourisme !


    Chapitre 8 : production des inoculums mycorhiziens arbusculaires

    Ce chapitre explique les différentes techniques industrielles permettant de produire des inoculums mycorhiziens arbusculaires, le but étant de développer puis d’inoculer le sol des cultures pour favoriser et accélérer l’aide mycorhizienne. Cela permettrait de se passer en grande partie d’engrais et de diminuer le recours aux pesticides. Des entreprises font des recherches depuis déjà trente ans et aujourd’hui des succès apparaissent en particulier pour la culture des lentilles, du blé, du soja, de l’oignon, de la pomme de terre et de la carotte. 


    Ces procédés sont parfois controversés, pourquoi inoculer le sol alors que les mycorhizes sont partout ? En agriculture biologique avec un très faible travail du sol, c’est effectivement inutile. Mais sur des cultures plus intensives avec un travail plus important du sol, le système mycorhizien est mis à mal.

    L'évolution de ces techniques est à suivre, elles pourraient à mon avis permettre un passage plus progressif et donc plus facile, de l’agriculture intensive à l’agriculture biologique.


    Chapitre 9 : les mycorhizes en horticulture

    Ce chapitre indique comment il est possible d’utiliser des inoculums mycorhiziens arbusculaires en horticulture.


    Chapitre 10 : les mycorhizes en agriculture

    Ce chapitre détaille l’intérêt que pourrait représenter l’utilisation d'inoculums mycorhiziens en agriculture, mais aussi ses contraintes. Plusieurs cas sont étudiés pour montrer une évolution possible vers des systèmes de cultures durables : les pays avec une agriculture intensive comme l’Europe, les pays avec des agricultures extensives comme les Amériques et le Canada, les pays en développement.


    Chapitre 11 et 12: les mycorhizes en foresterie

    Dans ce cas il s’agit d’utiliser un autre type de mycorhizes : les ectomycorhizes. Ces techniques pourraient favoriser les reboisements et en particulier en milieux arides.


    Chapitre 13 : les mycorhizes et l’environnement

    Cette partie traite des activités humaines susceptibles de menacer la biodiversité des champignons mycorhiziens : l’agriculture, la foresterie, les grands travaux, la pollution industrielle.


    On découvre que le recours aux mycorhizes de manière naturelle ou par inoculation pourrait être une solution à la pollution des nappes phréatiques, des rivières et des lacs par l’agriculture intensive.


    Conclusion

    L’importance des mycorhizes qu’elles soient d’origine naturelle ou produites montre bien que le sol est une entité vivante, qu’un écosystème est toujours plus complexe qu’on ne l’imagine et qu’il faut toujours mieux s’inspirer de son fonctionnement plutôt que de l’ignorer.






    Les champignons mycorhiziens arbusculaires
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