Géologie de la France

Auteurs : Didier Quesne et Annabelle Kersuzan

Année de sortie : 2018

Éditeur : Omniscience

Format : 160 x 240 x 18 mm  256 pages

Prix : 32 € 

C’est la première fois que je trouve un livre qui présente une synthèse rapide sur la géologie de la France dans son ensemble. Ce livre présente les processus géologiques qui se sont produit les deux derniers milliards d’années sur Terre.

Le texte est concis et dense, mais s’appuie sur de nombreux schémas, cartes géologiques, photographies de sites et de roches et également de coupes minces vues au microscope polarisant, au total c’est environ 360 illustrations. Vraiment très riche, seul bémol assez incroyable : la carte géologique générale de la France qui se trouve en couverture et qui est tronquée au deux tiers par le bandeau de titre n’est pas reproduite à l’intérieur du livre !! C’est bien dommage, car elle permet en un coup d’œil de voir la disposition des affleurements actuels et on pourrait s’y reporter lors de la lecture du livre. Espérons que cet oubli sera corrigé lors de la prochaine édition.

Tout au long du récit, les processus décrits sont mis en rapport avec la tectonique des plaques, vous pourrez ainsi suivre ère après ère la dérive et la formation des continents. Même si ce livre se consacre presque exclusivement à la France continentale, il replace souvent ce secteur dans un contexte plus global. Vous pourrez visualiser les différentes phases d’orogénèse, d’érosion et de sédimentation suivant le mouvement des plaques tectoniques, l’évolution du climat et le niveau des eaux.

Introduction

Les auteurs rappellent que si la géologie fait souvent office de parents pauvres au collège et au lycée, c’est en raison d’un enseignement trop théorique, coupé du plaisir de l’observation sur le terrain et du contact direct avec les roches.

Première partie : le cycle icartien (-2,5 à -1,6 Ga)

Les auteurs nous indiquent que les roches les plus anciennes qui affleurent sur le territoire métropolitain sont des roches datant de 2,2 milliards d’années que vous pouvez contempler au nord de la Bretagne (Côtes-d’Armor) et à l’extrême pointe du Cotentin (Nez de Jobourg). Il s’agit de gneiss oeillés issus de roches magmatiques produites lors de l’orogénèse icartienne il y a 2 milliards d’années et métamorphisées ensuite il y a environ 600 millions d’années.

Deuxième partie : le cycle cadomien (-750 à -530 Ma)

Les auteurs nous indiquent que sur le territoire métropolitain, il n’est pas possible de trouver des traces de la période séparant le cycle icartien du cycle cadomien. Les auteurs énumèrent les différentes preuves, souvent très complexes, que l’on peut collecter sur le terrain et qui attestent d’une phase d’orogénèse à cette période. La zone concernée pour cette analyse se situe, comme pour la phase précédente en Bretagne, mais sur un secteur plus vaste (Saint-Brieuc, Guingamp, Perros-Guirec, Saint-Malo, Carolles).

Troisième partie : le cycle varisque (-540 à -251 Ma)

L’orogénèse varisque est à l’origine de la structuration de l’actuel territoire français. Son analyse est donc très importante pour comprendre la géologie actuelle. Cette orogénèse a concerné l’ensemble du territoire métropolitain, mais depuis cette période l’ensemble des reliefs formés alors a été érodé. Il est néanmoins possible d’en observer des traces dans des secteurs où une orogénèse plus récente a porté ces roches à l’affleurement, à condition que ces zones n’aient pas été recouvertes de sédiments, ou bien que ces sédiments aient été érodés.

Les auteurs expliquent cette phase à partir d’exemple pris essentiellement dans les massifs anciens (Massif armoricain et Massif central).

Quatrième partie : intervalle téthysien (-251 à -145 Ma)

Téthys est le nom donné à l’océan Alpin qui se forme à cette époque. La dérive des continents va apporter à cette époque et sur le secteur qui nous concerne des contraintes extensives. Celles-ci vont induire la formation de l’océan Téthys, de la mer du Nord et seront également à l’origine de l’ouverture de l’océan Atlantique.

Cette phase peut être analysée dans les trois grands bassins sédimentaires français (le Bassin parisien, le Bassin aquitain et le Bassin du sud-est) où il est possible de visualiser des dépôts détritiques et carbonatés.

Les auteurs vont détailler cette période en analysant successivement les trois systèmes : le Trias, le Jurassique et le Crétacé.

Cinquième partie : le cycle alpin (-145 Ma à aujourd’hui)

Les auteurs vont analyser cette phase en se focalisant successivement sur différentes zones géographiques : le Bassin parisien, le Bassin aquitain, les Pyrénées, la Provence, la chaîne des Alpes, le Jura, les bassins d’effondrement (fossé rhénan, Bresse, Limagne, Dombes, Bas Dauphiné, bassins du Puy, fossé d’Alès), le volcanisme centralien.

Les auteurs insistent qu’au préalable, les grands bassins sédimentaires ont enregistré de nombreux événements tectoniques jusqu’à la fin du crétacé.

La formation des Pyrénées provient d’une rotation de la microplaque Ibérie (Espagne) qui vient heurter la plaque Eurasie sur laquelle se trouve la France.

En parallèle, la plaque Afrique se rapproche de la plaque Eurasie. Par un mécanisme de subduction, le plancher de la Thétys s’enfonce sous la plaque Eurasie jusqu’à disparaitre, les deux croutes continentales rentrent alors en collision provoquant l’orogénèse alpine et, par contre-coup, la formation du Jura.

Didier Quesne et Annabelle Kersuzan détaillent de manière très détaillée ces différents mécanismes et apportent chaque fois les preuves dont nous disposons pour étayer leurs propos. Une suite de schémas récapitule les différentes étapes, souvent très complexes.

Sixième partie : Épilogue glaciaire (-325 000 ans à aujourd’hui)

Cette dernière partie traite de l’alternance des périodes glaciaires et interglaciaires qui s’est produit ces trois dernières centaines de milliers d’années. Les auteurs donnent des hypothèses pour expliquer cette alternance et nous montrent l’important rôle des glaciers dans le modelage du paysage actuel. 

Annexes

En fin de livre, vous trouverez des explications sur la notion de carte géologique, sur les méthodes de datation des roches, sur les différentes roches terrestres (les roches sédimentaires détritiques et carbonatées, les roches magmatiques plutoniques et volcaniques, les roches métamorphiques), sur le métamorphisme en général, des notions de base de tectoniques, et pour finir un glossaire.

Conclusion

Ce livre très dense permet de visualiser, mentalement et en peu de temps, les différents mécanismes géologiques à l’origine des paysages français actuels.

Ce travail remarquable a dû demander un effort de recherche bibliographique, d’analyse et de synthèse très important. Car Didier Quesne et Annabelle Kersuzan ne se contentent pas de nous expliquer les différents mécanismes, ils apportent grâce à différentes méthodes (observation sur le terrain, datation des roches, analyse du champ magnétique gravé dans les roches, paléontologie, analyse des roches au microscope polarisant, recoupement par analyse des cartes géologiques sur des ensembles plus vastes, tectonique, analyses palynologiques, etc.) les preuves venant appuyer leurs hypothèses. 

Ce périple de plus de deux milliards d’années vous permettra de découvrir en parallèle les différents types de roches que notre planète a générés au cours de son évolution. Calcaires, granits, basaltes, schistes, grès, gneiss, argilites, migmatites, péridotites ne sont que quelques exemples des nombreuses roches que vous croiserez lors de cette odyssée dans les entrailles de la Terre.

Bonne lecture.