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Thierry Pernot
01/07/2021
Jardiner sur sol vivant
Quand les vers de terre remplacent la bêche ! Par Gilles Domenech
N° article : 166
  1. couverture du livre : Jardiner sur sol vivant de Gilles Domenech

    Jardiner sur sol vivant


    Auteur : Gilles Domenech


    Année de sortie : 2021


    Éditeur : Larousse

    Format : 168 x 220 x 14 mm  160 pages

    Prix : 14,90 € 


    « Quand les vers de terre remplacent la bêche ! » Avec cette phrase insolite, Gilles Domenech entend bousculer les pratiques traditionnelles au potager.


    Jardiner sur sol vivant, cette nouvelle manière d’exploiter la terre repose sur deux principes fondamentaux :

    - C’est la plante qui fait le sol

    - C’est la vie du sol qui gère sa fertilité


    L’auteur va nous démontrer la validité de ces deux principes et partant de là, va définir de nouvelles pratiques pour les favoriser.


    Introduction

    Comme le dit l’auteur : « Ce que j’appelle jardinage sol vivant n’est ni une technique, ni une école, mais une approche du jardin qui intègre pleinement la dimension vivante du sol que nous cultivons. »


    Traditionnellement, il est de bonnes pratiques d’amender la terre pour corriger ses défauts, de la travailler pour aérer sa structure, de la fertiliser avec des engrais chimiques ou organiques et de l’irriguer en quantité suffisante. Dans cette approche classique, il faut comprendre que le sol est réduit à un simple substrat supportant les plantes. Dans son ouvrage, Gilles Domenech va nous montrer que nous avons tout à gagner à replacer la vie du sol au cœur du processus de production.


    Première partie : le système sol-plante


    Voyage à travers le sol vivant

    Pour nous faire découvrir la structure et toute la richesse de la microflore et de la microfaune du sol, l’auteur nous invite à rapetisser à la taille d’un collembole (1 mm) et à partir en randonnée dans la litière du sol ! Une très bonne idée qui permet de bien comprendre ce qui se passe dans la partie superficielle du sol, cette fine couche si importante.


    Les collemboles, anciennement classés dans les insectes aptérygotes (sans ailes), ils constituent maintenant une classe d’hexapodes à part entière portant le même nom : les Collemboles.


    Au cours de ce chapitre, vous découvrirez le rôle majeur de ces minuscules êtres vivants dans la décomposition de la litière, mais également qu’ils ne sont qu’un maillon dans une chaine trophique complexe, où bactéries, champignons, mycorhizes, insectes, vers de terre et plantes jouent tous un rôle important.

     

    La plante nourrit le sol

    Nous avons l’habitude de dire « La plante se nourrit du sol ». Gilles Domenech renverse la proposition et dit « La plante nourrit le sol »


    Qui de la poule ou de l’œuf est apparu en premier ? Qui du sol ou de la plante est apparu en premier ? Autant il est difficile de répondre à la première question, autant il semble que les plantes soient apparues avant les sols, en témoigne les lichens pionniers qui poussent à même la roche.


    Dans ce chapitre, l’auteur va nous montrer que la plante, en produisant de la matière organique grâce à l’énergie solaire, va fertiliser le sol. Cette fertilisation se produit à la mort de la plante, en surface par décomposition des tiges et feuilles de la plante, en sous-sol par décomposition de ses racines, mais aussi par rhizodéposition, les racines produisant au cours de leur vie des composés organiques qu’elles libèrent dans le sol.


    En plus de ces mécanismes, il faut ajouter celui des mycorhizes. Pour plus de détails, à ce sujet, voir l’article de présentation du livre « Les mycorhizes, l’essor de la nouvelle révolution verte » en article associé.


    La vie du sol gère la fertilité

    Dans ce chapitre, l’auteur va détailler le cycle de l’azote, du phosphore et plus généralement de la décomposition de la matière organique. Nous verrons l’importance de la matière organique dans la structuration du sol. 

    Mon professeur de pédologie à Besançon, Sylvain Bruckert, qui était un spécialiste de la matière organique des sols, nous le rappelait sans cesse. 


    Dans ce chapitre, l’auteur aborde rapidement la manière dont la terre retient ou libère les éléments nutritifs et fait une relation avec les problèmes de pollution des nappes phréatiques. Voir l’article associé sur l’eutrophisation.


    Le sol, une entreprise efficace

    Gilles Domenech va cette fois réaliser une analogie entre le fonctionnement du sol et celui d’une entreprise ! De nouveau une excellente idée qui permet de mettre à la portée de tous ce fonctionnement complexe.

    Pour introduire la deuxième partie de son ouvrage, l’auteur nous présente en exemple, le jardin de Bernard Bertrand : un jardin nourri par les herbes folles ! Un encarté riche d’enseignement.


    Deuxième partie : jardiner sur sol vivant en pratique


    Réduire le travail du sol

    Avant d’exposer le concept de « jardiner sur sol vivant », l’auteur va nous expliquer pourquoi depuis la nuit des temps les hommes travaillent le sol. Il va nous expliquer l’intérêt de retourner le sol, de mélanger, de désherber, de sarcler, de biner, de butter, pour mieux ensuite, nous faire comprendre que dans la majorité des cas l’on peut s’en passer et avec des avantages !


    Moins de travail pour une meilleure production, l’idée mérite bien un bouquin.


    L’exemple suivant sera celui du jardin de Jacques Subra où l’on verra comment à partir d’un sol très pauvre, une lande à genêts sur le plateau de Ger dans les Hautes-Pyrénées, Jacques Subra a réussi à développer un potager productif, où la biodiversité est reine.


    Apporter des matières organiques

    Dans ce chapitre l’auteur va nous montrer qu'en contrepartie d’une réduction du travail du sol, il va falloir lui apporter de la matière organique. Si l’on souhaite que les organismes vivants du sol fassent le travail, il va falloir les nourrir et pour cela rien de tel que de leur fournir de la matière organique.


    Gilles Domenech va nous expliquer les rôles et différences entre paillage, amendement et fertilisation


    Il étudiera successivement : le BRF (Bois Raméal Fragmenté), les feuilles mortes, la paille, le foin, la tonte de gazon, les composts, les matières animales (lisiers, fumiers, déjections de volailles, etc.).


    À chaque fois, il indiquera le rapport Carbone sur Azote, noté C/N, des différents produits et nous expliquera les avantages et inconvénients de chacun.


    Il ressort de ses dix années de recherches et d’études que l’apport de matière organique végétale fraiche est souvent la meilleure solution.


    Ce chapitre se termine par la présentation du potager d’Abro Der Aprahamian situé au sud de l’Ardèche sur un sol calcaire superficiel. On découvrira comment cet homme a constitué trois buttes de 20 mètres de long sous ses oliviers, bénéficiant ainsi de leur ombre, de leur matière organique (feuilles), sans pour autant que ses légumes soient concurrencés par les racines des arbres, et cela grâce aux buttes.


    Produire de la biomasse in situ

    Lorsque vous cultivez un légume et que vous le prélevez au moment de la récolte, vous appauvrissez le sol, puisque la matière organique qui le constitue ne sera pas redonnée à la terre, comme c’est le cas en milieu naturel. Mais vous avez la possibilité de limiter cet appauvrissement en ne prélevant que le minimum.


    Par exemple lorsque vous prenez un chou, laissez sur place les racines et les feuilles extérieures abimées, lorsque vous prélevez des carottes laissez les fanes à même le sol ! C’est autant de matière organique qui alimentera la vie du sol et le fertilisera pour la récolte suivante.


    L’auteur indique que les restes des cultures ne sont souvent pas suffisants pour fertiliser le sol et qu’il faut alors utiliser les herbes sauvages qui s’y développent spontanément ou parfois même semer des intercultures, les engrais verts.


    Il est important de faire en sorte que le sol ne soit jamais à nu. Cela évite une évaporation trop forte et un assèchement rapide du sol et limite l’érosion lors des pluies ou des orages. De plus, les racines des plantes sauvages décompactent le sol.


    Si vous ne disposez pas de matière organique à proximité (feuilles d’arbre, tonte de gazon, BRF, compost, épluchures de légumes), il vous reste la possibilité de semer des engrais verts. L’auteur détaille en prenant un exemple concret le déroulement des différentes intercultures possibles : 


    - Intercultures d’hiver : avoine, orge, triticale, moutarde blanche, phacélie, féverole, etc. 

    - Intercultures de printemps : bourrache, lentilles, phacélie, fenugrec, vesce. 

    - Interculture d’été : pois fourrager, mil, sorgho.

    - Interculture d’automne : moutarde, sarrasin, lentilles, fenugrec, seigle, féverole, trèfle incarnat.


    L’auteur va ensuite nous donner des informations précieuses sur chacune des espèces potentiellement utilisables comme engrais vert.


    Un encart survole l’agroforesterie et les jardins-forêts.


    Le chapitre se termine par la présentation du jardin de Guylaine Goulfier et Jean-Luc Feat. Un jardin près de Montargis dans le Loiret sur sol argilocalcaire.


    La présentation de leur potager nous montre comment de fil en aiguille ces jardiniers ont abandonné le motoculteur et se sont convertis progressivement à la culture sur sol vivant. Ils ont également expérimenté le jardinage en carrés, en buttes et en lasagnes.


    Quelques pistes pour mettre en œuvre ces pratiques chez vous

    De par son sol et le climat de la région où il se situe, Gilles Domenech nous rappelle que chaque potager est unique. Il n’est donc pas possible de donner de recettes miracles, c’est à chacun de s’imprégner de ces nouveaux concepts, de se les approprier, puis de tester et d’expérimenter.


    Dans ce chapitre l’auteur va nous dérouler de manière pratique, comment constituer un potager à partir d’une pelouse, comment le fertiliser, et termine par des remarques sur l’irrigation et la lutte contre les maladies et les ravageurs.


    Le livre se termine avec la présentation du jardin des fraternités ouvrières de Mouscron. Il s’agit d’un jardin de 1800 m² situé en Belgique sur un terrain argileux du bassin lillois, en climat frais et humide.

    Le jardin est constitué d’un maillage très serré d’arbres fruitiers, d’arbustes et de zones de culture des légumes. Toutes les tailles d’arbres et les résidus de cultures sont restitués au sol sur place.


    Conclusion de la présentation du livre

    Que vous soyez déjà un adepte de la culture sur sol vivant ou au contraire un défenseur des pratiques traditionnelles du jardinage, je vous recommande vivement la lecture de ce livre.


    En ce qui me concerne, j’utilise abondamment les feuilles mortes des arbres et le compost, depuis peu j’utilise également la tonte de la pelouse comme paillage et engrais. Je ne bêche plus depuis trois ans. Après la lecture de ce livre, je vais accentuer cette approche en laissant sur place les mauvaises herbes et les restes de culture.


    Finis les sols à nu, dis « propres » du jardinier traditionnel, le sol doit être couvert en permanence et nourri en permanence par la végétation. Avec cette approche votre sol sera plus riche, votre production sera supérieure et vous aurez moins d’efforts à réaliser. De plus, vous allez créer un formidable ilot de biodiversité.


    Alors, pourquoi s’en priver ?


    Bonne lecture et bonne récolte.


    Vous pouvez retrouver Gilles Domenech sur son blog ici :

    https://jardinonssolvivant.fr/

    Jardiner sur sol vivant : comment fonctionne l'entreprise sol ?
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