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Thierry Pernot
18/09/2020
La berce du Caucase : attention danger !
Une plante gigantesque et bien problématique (Apiacées / Heracleum mantegazzianum)
N° article : 7

  1. Une ombelle pour se protéger du soleil


    La berce du Caucase (Heracleum mantegazzianum) détail de l'ombelle



    La berce du Caucase (Heracleum mantegazzianum) est une ombellifère. Tout le monde connait sa petite sœur, la très courante berce spondyle (Heracleum sphondylium) dont les lapins domestiques raffolent des feuilles, ou bien encore sa cousine, la carotte sauvage (Daucus carota). Les ombellifères sont caractérisées par leurs inflorescences dites en ombelle (Photo 1 et 2).



    La berce du Caucase (Heracleum mantegazzianum) ombelle


    Chaque ombelle porte un grand nombre de petites fleurs (d'un millimètre à un centimètre pour la berce du Caucase) souvent blanches, parfois jaunes ou roses (Photo 3). Chaque fleur possède un disque nectarifère facilement accessible, ce qui permet à de nombreux insectes de venir sucer le nectar, y compris les diptères pourvus d’appendices buccaux réduits, comme les mouches par exemple. Vous aurez déjà certainement remarqué le grand nombre d’insectes présent sur les ombelles et dont la structure plane ou conique permet un passage aisé et rapide d’une fleur à l’autre.



    La berce du Caucase (Heracleum mantegazzianum) fleur



    Une plante gigantesque

    La berce du Caucase est la plus grande plante herbacée d’Europe. L’ombelle terminale peut atteindre 1,5 mètre de diamètre et rayonner à plus de 4 mètres de hauteur ! (Photo 4)


    La berce du Caucase (Heracleum mantegazzianum) taille


    Originaire du Caucase

    Elle a été introduite en France au 19ème siècle comme plante ornementale. Rapidement échappée des jardins, ce n’est qu’à partir des années 70 qu’elle devint invasive, pour des raisons encore inexpliquées. 


    Ne pas toucher, danger !

    Cette plante majestueuse, aux tiges robustes, poilues, parsemées de rouge sang (Photo 5) et portant d’immenses feuilles ternatiséquées* (Photo 6) présente un risque important pour le promeneur. La plante renferme dans toutes ses parties une molécule toxique : la furocoumarine*.  Il s’agit d’un agent toxique photosensible provoquant par simple contact des dermatites aigües et pouvant entrainer de graves brulures lors d’exposition au soleil. En cas de contact avec la plante, il est donc recommandé de se laver abondamment, de se cacher du soleil pendant plusieurs jours et de contacter un médecin.


    La berce du Caucase (Heracleum mantegazzianum) tige


    La berce du Caucase (Heracleum mantegazzianum) feuilles


    Heureusement encore peu répandue en France, contrairement à d’autres pays d’Europe, son extension fait actuellement l’objet d’une surveillance particulière. Si vous rencontrez cette plante, signalez sa présence à votre mairie ou au conservatoire botanique de votre région.


    Comment l’éradiquer ?

    La plante ne fleurit que la troisième ou quatrième année après sa germination. Une fauche régulière avant floraison finira donc par appauvrir progressivement le stock de graines. Chaque plante produisant plusieurs milliers de graines, son éradication est cependant très difficile. Toute intervention sur la plante doit être réalisée à l’aide d’une combinaison étanche.

    Autre solution, les bovins et les ovins consommant la plante, la mise en pâture des secteurs concernés peut permettre de contrôler son expansion.


    Lexique

    Ombellifères : La famille porte aujourd’hui le nom d’Apiacées, du genre Apium : le céleri. Cette famille est caractérisée par son inflorescence type en ombelle : toutes les fleurs s’épanouissent sur un même plan et tous les pédoncules floraux partent d’un même niveau d’insertion sur la tige.


    Ternatiséquées : feuilles en 3 parties dont les divisions du limbe atteignent la nervure médiane.

    Furocoumarine : également appelé psoralène, il s’agit d’une molécule composée d’une coumarine associée à un noyau furane. La molécule de coumarine dégage une odeur de foin coupé et a été utilisée dans certains parfums. Son utilisation est aujourd’hui réglementée en raison de sa toxicité. La furocoumarine a la particularité d’absorber les rayons ultraviolets et de transmettre leur énergie aux molécules d’ADN de la peau auxquelles elle se lie facilement. Ceci aura pour effet de rompre les molécules d’ADN provoquant des dommages visibles sur la peau.


    Photographies : Thierry Pernot (Jura)


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