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Thierry Pernot
18/09/2020
La canneberge
Une relique de l'époque glaciaire (Ericacées / Vaccinium oxycoccos)
N° article : 9
  1. Une fleur que l’on n'oublie pas !
    La canneberge (vaccinium oxycoccos*) (photo A) est une minuscule et magnifique plante de la famille des Ericacées* que l’on ne rencontre en France que dans des milieux très acides, les tourbières*. 

    Description de la fleur
    Cette plante se reconnait immédiatement à la forme de sa fleur : la corolle pourpre à rose composée de 4 pétales est retournée en arrière à la manière d’un cyclamen, les étamines au nombre de 8 forment un cône jaune proéminent dont le style émerge légèrement (Photo B). Cette fleur mesure moins d'un centimètre, mais sa beauté est inversement proportionnelle à sa taille ! Lorsque l’on a approché son œil, ne serait-ce qu’une seule fois de la fleur, son image est gravée à jamais dans notre mémoire…

    Description des feuilles
    Une plante de milieu humide adaptée à la sécheresse ! La fleur est petite, mais cette plante rampante qui court sur les sphaignes* peut atteindre un mètre. La tige très fine est dure, rigide, ligneuse*. 
    Les feuilles miniatures lancéolées sont alternes et très régulièrement disposées sur un même plan, vert-foncé dessus, vert-clair dessous (Photos C et D).
    Sur le bord des gouilles au cœur des tourbières où elle abonde, elle dessine des entrelacs du plus bel effet (Photos E). Le vert sombre de ses feuilles tranche avec le vert doux de l’Andromède à feuilles de polium avec qui elle partage le milieu. 

    Adaptée à la sécheresse !
    Notez que ses feuilles sont coriaces, révolutées* et recouvertes d’une cuticule* luisante, ces trois caractères traduisent une adaptation à la sécheresse ! Pourquoi une telle adaptation (que l’on retrouve également chez l’Andromède) sur un milieu gorgé d’eau ? Simplement parce que la tourbe fait office d’éponge, il est alors très difficile pour les racines des plantes d’exploiter 
    cette eau !

    Petite fleur, gros fruit !
    Cette minuscule plante produit des baies rouges acidulées de 1 centimètre de diamètre, riches en vitamine C, qui ne sont autres que les « Cranberry » des Anglais et des Américains, utilisées pour confectionner des jus de fruits et des confitures (Photo F). En France, cette plante n’étant pas cultivée et présente uniquement sur les tourbières, tout ramassage est prohibé.

    Une relique glaciaire ? 
    La canneberge est ce que l’on appelle une relique de l’époque glaciaire, c'est-à-dire une plante témoin de temps passés beaucoup plus froids. La dernière période glaciaire, le Würm, s’est terminée il y a environ 10 000 ans. A cette époque, la canneberge était présente dans de nombreux milieux. Au fur et à mesure du recul des glaciers concomitant au réchauffement climatique, la limite de répartition de cette plante a remonté progressivement au nord de l’Europe, ne subsistant en France qu’en certains endroits très spécifiques : les tourbières.

    Les noms scientifiques expliqués
    Vaccinium désignait en grec les airelles et myrtilles, plantes de la même famille. 
    Oxycoccos provient de « Oxus » acide et de « kokkos » baie, soit une baie acidulée de la famille des airelles. 
    Canneberge proviendrait de « canne de berger » en regard à la forme coudée de la tige avant la pleine floraison (photo G).
    Gros bec casse noyaux mâle dans la neige (Coccothraustes coccothraustes)
    Gros bec casse noyaux mâle dans la neige (Coccothraustes coccothraustes)
    Gros bec casse noyaux mâle et femelle (Coccothraustes coccothraustes)
    Gros bec casse noyaux de dos (Coccothraustes coccothraustes)
    Gros bec casse noyaux de dos (Coccothraustes coccothraustes)
    Lexique

    Ericacées : (Du genre « Erica » Bruyère) famille de plantes comprenant entre autres les bruyères, callunes, myrtilles, airelles, rhododendron, pyroles.
     
    Tourbière : zone humide caractérisée par le fait que l’acidité et l’absence d’oxygène au niveau du sol empêchent la décomposition de la matière organique. Celle-ci va alors s’accumuler et former progressivement une couche de tourbe pouvant atteindre plusieurs mètres.

    Sphaignes : mousses présentes en quantité dans les tourbières et responsables en grande partie de la formation de la tourbe.

    Ligneuse : qui a la consistance du bois, du fait de la présence de lignine.

    Révolutée : se dit d’une feuille dont le bord est enroulé sur lui-même.

    Cuticule : dépôt de cutine (glucide proche de la cellulose) à la surface des feuilles, leurs conférant un aspect brillant. Son rôle est de limiter l’évapotranspiration pour économiser l’eau.
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