Invité
290471 Vues
0 Com.
Thierry Pernot
21/09/2020
Les deux reines
La reine des bois et la reine des prés (Aruncus dioicus et Filipendula ulmaria)
N° article : 20
  1. Reine des bois (Aruncus dioicus) Rosacées Vue générale
    A chacune son empire

    J’ai grand plaisir à vous présenter deux reines, deux plantes majestueuses. 
    La reine des prés (Filipendula ulmaria), qui étend son empire des prairies humides aux marécages en passant par le bord des cours d’eau ; la reine des bois (Aruncus dioicus), qui illumine lisières et sous-bois de sa splendide inflorescence blanc crème. 

    Silhouettes et mensurations !
    Ces deux plantes de taille respectable, 1 à 2 mètres, nous en mettent plein la vue et pas seulement ! Les deux plantes émettent une douce et agréable odeur, pénétrante, diront certains. Leurs panaches vaporeux constitués de nombreuses petites fleurs blanches (plusieurs milliers pour la reine des bois) surclassent leurs concurrentes. 

    Observez leurs statures, chacune à son style, mais quelle élégance ! Le contraste entre le blanc de l’inflorescence et le vert abondant du feuillage accroit encore ce sentiment de volupté, il nous vient alors à l’esprit cette belle phrase d’André Gide : "C'est vers la volupté que s'efforce toute la nature."

    De la spirée ulmaire à l’aspirine
    La reine des prés est également nommée « Spirée ulmaire » en raison de la forme de ses fruits enroulés en spirales.En 1835 Karl Löwig démontra que l’acide spirique extrait de la reine des prés est en fait de l’acide salicylique, molécule déjà identifiée en 1829 dans l’écorce de saule. Par acétylation, on obtient de l’acide acétylsalicylique qui n’est autre que l’aspirine, médicament bien connu pour ses propriétés antalgiques, antipyrétiques et anti-inflammatoires. Le mécanisme d’action de la molécule, inhibition des prostaglandines, ne sera compris qu’en 1971.
    Reine des bois (Aruncus dioicus) Rosacées Inflorescence
    Distinction reine des prés et reine des bois

    Comment distinguer ces deux rosacées ? A défaut de déterminer laquelle des deux est la plus belle, observons de près ces deux reines.
    Comme je l’ai expliqué plus haut, elles ne vivent généralement pas dans le même milieu, l’habitat est donc un critère important.
    Concernant leur morphologie, les fleurs de la reine des bois sont plus petites et plus nombreuses, 4 mm contre 7 mm environ.
    La reine des prés se tient bien droite ; la reine des bois, sous le poids de son inflorescence, à tendance à se courber.
    Dans les deux cas, les feuilles sont imparipennées* et les folioles fortement dentées, mais chez la reine des prés de très petites folioles s’intercalent entre les plus grandes.
    L’inflorescence de la reine des prés est une grappe proche d’un corymbe*, celle de la reine des bois est composée de nombreux épis formant une panicule ample.

    L'une est dioïque, pas l'autre
    Comme son nom latin l’indique, la reine des bois est une espèce dioïque, c'est-à-dire que les fleurs mâles et femelles ne sont pas sur un même pied, il est néanmoins possible de trouver des fleurs hermaphrodites.
    Reine des prés (Filipendula ulmaria) Rosacées Inflorescence
    Reine des prés
    Composée pennée : se dit d’une feuille dont les folioles indépendantes sont disposées de part et d’autre de son axe principal.

    Imparipennée : se dit d’une feuille composée pennée qui possède une foliole terminale (le nombre de folioles est donc impair). Au contraire, une feuille paripennée ne possède pas de foliole terminale, son nombre de folioles est donc pair.

    Corymbe : inflorescence caractérisée par le fait que toutes les fleurs s’épanouissent sur un même plan. Mais contrairement à l’ombelle, les pédoncules floraux ne partent pas du même point sur la tige. 
    reine des bois (Aruncus dioicus) Rosacées couché de soleil
290471 Vues
0 Com.
N° article : 20